MES « RENCONTRES D’ARLES »

JOSEPHINE SACABO

En 1996 à Arles, lors de « Rencontres Internationales de la Photographie », j’ai eu l’opportunité de « découvrir » la photo avec la photographe américaine Joséphine Sacabo, « une femme habitée », pour lui attribuer le titre de son premier livre et à propos de laquelle le critique J. Stevenson a pu écrire « …no other important photographer today shows such a constellation of qualities.»

J’étais presque novice en la matière et le stage s’est déroulé dans l’enthousiasme, jour et nuit, enrichi par la sollicitude bienveillante de trois photographes, Véronique Harbine, Sophie Dehorter, et Hélène Biesse et par la présence de sa jeune assistante Stéphanie Serre, mon modèle , mon amie  pour laquelle j’ai une pensée très émue; je me souviens en effet de nos passions partagées, de nos errances sur les Causses qui ont prolongé l’été, à la recherche de vestiges et ruines plus ou moins fantasmées, dans les lavandes… Ensuite, après son départ à Paris la vie nous a amené à nous perdre de vue ; je l’ai malheureusement retrouvée dans un cimetière près de Chamonix, sur sa tombe il y avait des lavandes!
« Elle ne voulait pas mourir, elle s’en est allée comme un silence de Mozart, nous ne voulons pas qu’elle soit morte » 

Ce que je retiens de Joséphine c’est son attention de chaque instant et son extrême sensibilité qui nous a tous profondément marqués.

Elle m’a écrit ensuite : « … J’ai eu la chance de vous voir tomber amoureux de la photo, la photographie comme moyen d’exprimer le meilleur qu’on a en soi… » et plus tard « la folie de la photo doit continuer… ».

Malgré les aléas de la vie ?!

Josephine Sacabo (AC)
Intérieur des Arênes d’Arles (AC) et retouches Joséphine Sacabo
Stephanie Serre (AC)

KEIICHI TAHARA

Ce stage inscrivait dans les jeux de lumière et d’ombre, selon la tradition japonaise où tout est affaire de modération de retenue et d’intensité, mais aussi de fluidité et de vitalité.
C’est ainsi que nous avons pu travailler le matin dans le blanc éblouissant des Salines de Salin-de-Giraud, puis passer l’après-midi dans la nuit des carrières souterraines de Fontvieille en proscrivant le flash.
Mais au-delà de la technique, c’est toute sa philosophie que Keiichi s’est employé à nous faire partager et en fin de stage parmi les centaines de photos, il nous a demandé de faire le choix de n’en présenter que douze, l’épure du choix en quelque sorte, souvent déchirant.
Depuis Keichii Tahara est mort, il reste de lui une œuvre photographique très importante et à Paris, la mise en lumière du canal Saint-Martin et surtout le jardin japonais qu’il a créé pour la MEP et que je ne peux revoir sans émotion…

CRAIG KOSHYK

Avec ce photographe canadien, passionné par la chasse et les chiens ! il agissait d’aborder les procédés anciens : cyanotype, platinotype …
Par un manque de chance constant, alors que ces techniques nécessitent la présence du soleil, la semaine s’est déroulée sous pluie et temps couvert, il a fallu rapatrier des lampes UV, c’était assez laborieux mais la magie de ces tirages d’autant plus rares fût tout de même au rendez vous…

ALBERTO GARCIA-ALIX

Le portrait était le thème du stage : techniques d’atelier avec séances de pose parfois très dures pour le modèle, mais aussi au cours de sorties mémorables de jour comme de nuit, saisir un instant suspendu, celui qu’il faut cadrer très vite, puisqu’il est éphémère !
L’œuvre de ce photographe espagnol mondialement connu est dure, dérangeante et exigeante ; nous étions très différents et pourtant des liens sont nés qui ont perduré, le stage était très couru y compris par des professionnels, il fût intense et lorsqu’il a demandé à chacun de lui présenter un portrait de lui pour en sélectionner un en souvenir, c’est ma photo prise au Leica qu’il a choisie (un choc pour moi !) un tirage baryté que je lui ai envoyé plus tard à Madrid
Alberto reste un ami très cher.

De tous ces instants partagés qui au cours des « Rencontres » nous unissent dans la fièvre de la création, j’ai aimé cette phrase qu’une amie m’a écrite « …nous sommes des amis, le reste n’est qu’une histoire de temps et de contretemps … »